Historique

Petits rappels historique 

  • Saint-Philibert devient officiellement une paroisse le 19 décembre 1919;
  • 1919 construction de l’église;
  • 1920 construction du presbytère;
  • en 1920,le curé Audet recoit l’autorisation de l’Évèque de réclamer le revenu suivant à  chaque famille : la cinquantième botte de foin, le vingt-sixième minot de patates et la vingt-sixième  livre de sucre, plus une corde de bois scié et fendu;
  • que la reconnaissance civile de la Fabrique sera approuvé le 14 septembre 1923;
  • qu’au mois d’octobre 1945, la voirie pose l’asphalte sur le chemin du village;
  • qu’en octobre 1946, la ’’Shawinigan’’ commence à poser les poteaux de la ligne électrique;
  • qu’enfin, le 24 mai 1947, Saint-Philibert s’éclaire à l’électricité .

Références: 
Statistique Canada, 2001
Je me souviens… Saint-Philibert 1919-1994

Livre du 50e anniversaire

1919-1969

Dans le récit de cette courte biographie de la paroisse de Saint-Philibert de Beauce, nous n’avons pas l’intention de porter un jugement sur qui que ce soit. Nous nous contentons d’exposer des faits et les circonstances dans lesquelles vivaient les citoyens d’il y a cinquante ans.

En jetant un coup d’oeil sur une carte géographique, nous constatons que Saint‑Philibert se trouve situé entre Saint-Georges, Saint‑Prosper, Sainte‑Aurélie et Saint‑Côme. Le rang Langevin, le chemin qui relie Saint‑Côme et Saint‑Prosper, était déjà habité par des cultivateurs assez confortablement installés. Il en était de même pour les cultivateurs habitant le rang Sainte‑Marguerite, le chemin qui relie Saint‑Georges (jersey Mills) et Saint‑Prosper.

Sur ce morceau de territoire qui, il y a cinquante ans, n’était que forêt, poussent trois essences d’arbres: le sapin et l’épinette, qu’on utilise pour la construction et le papier et l’érable, qu’on utilise pour la production du sucre d’érable et pour le chauffage des maisons.

Pendant toute l’année, le territoire de Saint‑Philibert présente des paysages naturels formidables que l’imagination ne peut soupçonner si l’oeil ne les a pas contemplés. Le printemps, il y a une grande activité dans la forêt. La cinquantaine d’érablières de Saint‑Philibert deviennent une grande industrie. On voit au‑dessus des arbres la fumée et la vapeur d’eau d’érable monter dans les airs. Des gens de partout viennent chanter, crier, se reposer, se réjouir au fond de la forêt au milieu du chant des goutterelles et des oiseaux. Pour les touristes mal habilement montés sur des raquettes, c’est une belle distraction que de recueillir la belle eau sucrée des érables. Pour les travailleurs comme pour les touristes, c’est toujours une joie de déguster la belle tire blonde étendue sur la neige et sur laquelle le soleil lance ses longs rayons dorés. Un été prend un aspect différent. Le travail aux champs, le calme, la paix, le repos, la verdure et le silence règnent en maître. Cette quiétude est interrompue au milieu de l’été lorsque Saint‑Philibert devient un carrefour pour la rencontre de tous les parents et amis à l’occasion de sa fête champêtre. L’automne arrive avec ses couleurs qui transforment la paroisse en un décor capable de faire vibrer l’âme de tous les peintres et poètes. Une église, le cimetière et la Majorité des maisons sont entourés d’érables au feuillage multicolore, tout comme des soldats à la garde d’un château. En automne, voyager par les Chemins de Saint‑Philibert nous émerveille par la beauté des arbres aux  couleurs d’arc‑en‑ciel qui semblent sourire avec leur aspect fantastiques. Après la chute des feuilles, l’hiver pénètre ici comme partout au pays et transforme toute la nature. La neige dentelle les arbres, transforme les prés en immenses tapis ouateux et en peu de temps couvre la forêt d’un édredon protecteur. Un espace ne manque pas non plus pour les amateurs de motoneige. Un aspect de cette belle nature influence pour le mieux l’âme des citoyens qui l’habitent. La simplicité, l’honnêteté, la fraternité, la bonne humeur et la grande hospitalité des défricheurs de ce sol rocailleux font de Saint‑Philibert un endroit où il fait bon vivre et mourir.

Au début, la richesse naturelle du territoire de Saint‑Philibert était intéressante pour deux groupes de personnes. Les commerçants, comme partout, y étaient souvent les premiers arrivés pour tirer profit du commerce possible, c’est‑à‑dire le bois, Ce sont probablement ces commerçants qui, les premiers, ont ouvert le chemin qui relie le rang Langevin et le rang Sainte‑Marguerite. C’est à peu près au centre de ce chemin de liaison que sera construite l’église de Saint‑Philibert. Le deuxième groupe de personnes intéressées à nos richesses naturelles, est formé de ceux qui ont décidé de s’établir définitivement sur un lot pour le défricher et y vivre des produits de la terre. En attendant que la terre fasse vivre son homme, l’exploitation du sucre d’érable et la coupe raisonnable du bois fournissaient un certain revenu, car en même temps qu’on défriche et qu’on prépare la terre à produire, il faut vivre.

En 1854, Pierre Rodrigue, connu sous le nom de Petit Rodrigue (il était le grand‑père de Omer Georges, d’Alma, de Léda et des autres frères et soeurs), achète un lot sur le chemin qui relie le rang Langevin et le rang Sainte‑Marguerite, à peu près au centre. Ce lot, ainsi que tous les autres, est tout en bois. Petit Rodrigue exploite la sucrerie le printemps et commence par temps perdu à défricher la terre arable. Il a des enfants; peut‑être plus tard pourra‑t‑il  établir un des siens. Il y bâtit une petite maison afin de pouvoir s’abriter lorsqu’il vient travailler sur son lot. C’est la première maison du village. Il continue en même temps d’exploiter la terre qu’il possède à Saint‑Georges, là où se trouve l’église de l’Assomption aujourd’hui. Avec les années, surtout vers 1900, d’autres citoyens achètent des lots de colonisation. Quelques‑uns ont l’intention de s’installer, d’autres veulent exploiter le bois de papier et le bois de poêle pour le revendre ensuite, si l’occasion se présente. En 1901, M. Adalbert Gilbert achète le lot de son père. Le chemin pour se rendre à ce lot porte le nom de rang des Gilbert. À 5 milles de Saint‑Georges, à angle droit avec le rang Sainte ‑Marguerite, il y a le rang Saint‑Charles.

Pour abriter ceux qui viennent travailler pendant la semaine, d’autres maisons s’élèvent dans le futur village. Parmi ceux‑ci, signalons Gédéon Roy, fondateur de la Maison Gédéon Roy, Herménégilde Groleau, Joseph Drouin, Gédéon Paquet, Albiny Tremblay, Benjamin Poulin, Siméon Morin, Paul Mercier, Godefroy Gagnon, et plusieurs autres. Tous les jours de la semaine, on coupe le bois, on défriche et le samedi on retourne à son lieu d’origine: Saint‑Côme, Saint‑Prosper, Sainte‑Aurélie, Saint‑Georges pour voir papa, maman, épouse et enfants. L’hiver, on fait le hâlage du bois pour aller le vendre à Saint‑Georges ou pour le placer sur les bords de la petite rivière Patrick en vue de le draver au printemps. Les chemins qui ne sont que de terre sont carrossables seulement l’été et l’hiver si on ne tient pas compte du froid à supporter au cours des voyages fait en voitures tirées par des animaux. L’automne, à cause des pluies, et le printemps, à cause de 12 fontes des neiges, les chemins sont pratiquement impassables à bien des endroits. Il arrive donc assez souvent que les bûcherons et les futurs colons passent la fin de semaine dans les petites maisons construites pour les abriter. Cela permet aux hommes de se réunir pour jaser, jouer aux cartes, prendre un petit coup et régler tous les problèmes du pays même si le lendemain il faut reprendre le boulot. Pendant toutes ces conversations, on devait se dire que ce serait commode d’avoir une petite chapelle. On pourrait demander à un prêtre de venir nous voir pour nous encourager et célébrer la messe le dimanche une fois de temps en temps ou un jour de semaine lorsque c’est impossible le dimanche. Peut‑être que ça nous donnerait envie de nous établir définitivement. Ça permettrait à plusieurs paroissiens de Saint‑Côme, de Saint‑Prosper et du rang Langevin de pouvoir venir pratiquer leur religion ici, étant plus rapprochés. Il en serait peut‑être de même pour plusieurs paroissiens de Saint‑Georges qui demeurent dans le rang Sainte‑Marguerite.

Peu à peu, cette idée d’une chapelle dans ce minuscule village fait son chemin dans les esprits. Comme dans la réalisation de tout projet, il y a de l’incertitude et du doute; il y a du pour et du contre. Un des promoteurs de cette idée est M. Pierre Rodrigue fils, surnommé Pierre à Petit Rodrigue. Il y met tout son courage, toute sa patience, forces et une grande partie de ses possibilités financières.

L’année 1910 fut probablement l’année où l’on parla le plus les uns avec les autres, favorables ou non, du projet de la nécessité ou du moins l’utilité d’une chapelle dans cet embryon de village qui ne compte que quelques maisons et où personne ne demeure en permanence.

  1. Pierre Rodrigueet quelques amis consultent les curés de Saint-Georges, de Saint-Prosper et de Saint-Côme. Ces curés, pour ne pas faire de peine à leurs visiteurs qui sont des paroissiens, leur conseillent d’envoyer une requête à l’Évêque, le cardinal Bégin. Ils laissent entendre que c’est un peu rêver que de penser à une église à cet endroit. Pour sa part, l’abbé Dionne, curé de Saint-Georges, se montre carrément opposé au projet.

Au début de 1911, M. Rodrigue et ses amis favorables se mettent à l’oeuvre. On rédige une requête et on la fait signer en même temps qu’une souscription qui comporte une promesse de payer si l’Évêque donne suite à la requête. Les raisons apportées à la requête sont en résumé les suivantes. Une mission au centre du rang 4 et 5 du canton Linière serait très utile; on pourrait y célébrer la messe au moins une fois par mois. Plusieurs résidents du rang Langevin entre Saint-Côme et Saint-Prosper seraient rapprochés de même que ceux qui résident dans le rang Sainte-Marguerite entre Saint-Georges et Saint-Prosper. Étant donné la distance et les mauvais chemins, le transport est difficile et très dur l’hiver pour les femmes et les enfants. Sur le plan soumis, il y a 26 lots qui peuvent former une paroisse réelle. Ceux-ci appartiennent tous à des particuliers et non à des compagnies qui souvent font obstacle au défrichement et à l’établissement. Plusieurs viendraient s’établir définitivement s’il y avait une mission. La souscription comporte, pour l’église, la promesse d’une terre de 2 arpents sur 20 et un montant d’argent de 700$.

La requête est signée par 14 résidents de Saint-Côme et Sain-Prosper et par un seul de Saint-Georges, soit Pierre Rodrigue. Elle est ensuite envoyée au cardinal Bégin le 1" mars 1911. Les raisons données dans cette requête sont valables et la souscription qui accompagne la requête montre le sérieux des personnes intéressées à la nouvelle paroisse. Ordinairement, on n’accepte pas de payer sans une certaine conviction. A-t-on approché les résidents du rang Sainte-Marguerite pour essayer de les convaincre? Il n’y a aucune indication dans ce sens. Cependant, une contre-requête circule dans le rang.

Les raisons apportées dans cette contre-requête sont en résumé les suivantes. À l’endroit où l’on veut bâtir l’église, il n’y a aucun résident. Les deux tiers de ceux qui ont signé la requête favorable sont des non-résidents et ont des lots très peu défrichés. Les dépenses seraient payées par des résidents des rangs Langevin et Sainte-Marguerite qui deviendraient rattachés à cette mission. Ces mêmes citoyens viennent de faire des gros «sacrifices» pour leur église de Saint-Georges. La moitié du coût de la construction du pont de fer sur la Chaudière demeure à payer. Ça désorganiserait tout le système d’arrondissement scolaire. 7) Il est facile de se rendre à l’église de Saint-Georges, ce n’est donc pas opportun de bâtir une nouvelle paroisse.

Cette contre-requête, signée par une vingtaine de résidents du rang Sainte -Marguerite, est accompagnée d’une lettre de l’abbé Dionne, curé de Saint-Georges se montrant complètement défavorable au projet. La contre-requête, datée du 27 février 1911, arrive la première à  l’Évêque.

Le 7 août 1911, une délégation se rend voir le cardinal Bégin en personne pour lui redemander une mission dans le rang 4 et 5 du canton Linière. Les délégués reviennent avec la certitude que l’Évêque s’occuperait du projet et qu’il enverrait un délégué pour évaluer la situation. De fait, le cardinal Bégin, quelques jours après, demande à l’abbé Breton, curé de Saint-Côme, de s’enquérir de l’opinion des curés de Saint-Georges et de Saint-Prosper et de donner sa propre opinion sur ce projet d’une nouvelle paroisse aux extrémités de leurs trois paroisses. MM. Dionne, curé de Saint-Georges, Breton, curé de Saint-Côme et Fortier, de Saint-Prosper, écrivent chacun une lettre les 22 et 23 août 1911 dans laquelle ils déclarent qu’une nouvelle paroisse à cet endroit n’a pas sa raison d’être et qu’ils sont défavorables au projet. M. l’abbé Dionne est très catégorique dans son opposition. Toutefois, les trois curés affirment leur obéissance au Cardinal et leur volonté d’être à ses côtés pour l’aider s’il en décide autrement.

Ainsi conseillé, le cardinal Bégin n’a qu’une chose à faire, attendre que l’idée d’une nouvelle paroisse soit acceptée par un plus grand nombre de résidents susceptibles de faire partie de la nouvelle paroisse. Il semble aussi que le Cardinal n’ait pas donné le résultat de sa consultation aux responsables de la délégation qu’il a reçue le 7 août 1911. En effet, le 5 janvier 1912, MM. Pierre Rodrigue et Georges Gagnon écrivent une au Cardinal lui disant qu’ils attendent encore le délégué et qu’ils renouvellent leur demande d’une chapelle et les promesses faites sur la  requête. Quelle réponse ces deux messieurs ont-ils reçue? Nous n’avons trouvé aucune lettre à ce sujet. Probablement qu’on leur a dit de prendre patience et de consulter l’opinion en faisant une nouvelle requête.

En fait, le 15 septembre 1917, une nouvelle requête est faite: 41 résidents sont en faveur du projet et 15 non-résidents signent aussi de façon favorable. De plus, 15 résidents sont indécis et promettent de participer 1 la souscription. Y eut-il une réponse à cette deuxième requête ? Une note inscrite sur l’original de la requête conservé à l’évêché indique. ’’Rep. 19 septembre 1912’’ donc quatre jours plus tard. Nous n’avons aucun texte de la réponse ni aucun témoignage sur le sens de la réponse. Y eut-il une contre-requête? Il semble que non parce que les archives n’en contiennent aucune. Il faut donc conclure que un an après la première requête et la première contre-requête, l’idée de l’utilité d’une chapelle dans le rang 4 et 5 du canton Linière avait progressé énormément.

Cinq années passent dans un silence presque complet. Le projet était-il mort et enterré? Non. Il continuait de mûrir. Quelques événements d’importance se produisent pendant ce temps. En 1915, l’abbé Breton, curé de Saint-Côme, est remplacé par l’abbé Philibert Lamontagne. Ce nouveau curé, probablement mis au courant du projet par l’Évêque au moment de sa nomination, renseigné aussi par ses propres paroissiens appelés à devenir les paroissiens de la future paroisse et par les promoteurs du projet, et ayant lui-même visité les lieux lors de ses visites paroissiales, se montre favorable à l’érection d’une chapelle de secours au rang 4 et 5 de Linière. Voilà donc un atout important vers la réalisation du projet. Un deuxième événement d’importance se produit. Le curé Lamontagne avait laissé entendre que le jour où il y aurait des résidents permanents dans le jeune village, il serait plus facile de travailler à l’érection d’une chapelle. Probablement influencé par la déclaration du curé Lamontagne, M. Pierre Rodrigue a remplacé sa première maison par une nouvelle maison plus spacieuse et plus confortable, est déménagé de Saint-Georges et est venu s’installer de façon permanente avec sa famille, y compris son vieux père et sa vieille mère. C’est l’été 1917. Pierre Rodrigue devient le premier résident permanent du village. En 1914, un troisième événement s’était produit à Québec. Mgr Paul-Eugène Roy est nommé co-adjuteur du cardinal Bégin. En pratique, il est le responsable. C’est à lui qu’on s’adresse maintenant pour les problèmes importants comme celui de créer une nouvelle paroisse.

Définitivement déménagé au nouveau village à l’été 1917, M. Pierre Rodrigue doit trouver une école pour ses enfants. C’est le même cas pour M. Adalbert Gilbert. Une école la plus proche est à environ trois milles. C’est trop loin pour les jeunes enfants et les transporter tous les jours, matin et après-midi, prendrait trop de temps. Ces deux citoyens prennent une entente. On engage une institutrice, Mlle Marie-Louise Rodrigue, qui sera remplacée par Mlle Clarida Fortin au cours de l’année. Comme M. Adalbert Gilbert a environ une dizaine d’enfants, on installe l’école dans le grenier de sa maison. Il n’y a pas de commission scolaire et l’école ne dépend d’aucun arrondissement. MM. Rodrigue et Gilbert ont la charge entière du salaire de l’institutrice, soit cent dollars pour l’année en plus des frais de l’organisation matérielle de la classe. Ainsi se passe l’année scolaire 1917-1918. L’année suivante, sur le conseil du président de l’instruction publique, MM. Gilbert et Rodrigue font parrainer l’école d’une seule classe par la Commission scolaire de Saint-Côme et les subventions du département sont versées. En septembre 1918, la classe quitte le grenier pour être installée dans la première maison de M. Pierre Rodrigue. Cette petite maison devient la première école du village de Saint-Philibert et elle est utilisée jusqu’en 1924. Aujourd’hui, en 1969, quoique servant de remise, la première école est encore debout.

On sent de plus en plus l’utilité d’avoir une paroisse, une municipalité scolaire et ensuite une municipalité civile. Sur le conseil du curé Lamontagne de Saint-Côme, les requêtes de 1911 et 1912 sont considérées désuètes. Elles datent de cinq ans. Le 28 mai 1917, MM. Pierre Rodrigue et Georges Gagnon ont terminé une nouvelle requête qu’ils envoient à  ’Évêque, Mgr Paul-Eugène Roy. La requête mentionne: «Les limites indiquées et souhaitables pour la nouvelle paroisse comprennent 175 lots de 50 acres dont un grand nombre sont déjà en bonne culture. Tant qu’au village qui pratiquement n’est guère habité à cause de la distance à parcourir pour se rendre aux églises voisines, les propriétaires se fixeront définitivement si un prêtre vient leur donner les services de la religion. Les citoyens sont disposés à faire les sacrifices nécessaires pour la construction d’une chapelle de secours. Le motif qui nous pousse à faire cette demande nous vient de la distance où nous sommes des autres églises et de la difficulté d’envoyer les enfants au catéchisme. » À ce moment, 37 résidents ont signé en faveur du projet et un seul contre. Les autres se sont montrés indifférents ou prêts à accepter la nouvelle paroisse sans s’y engager par leur signature. Il paraît donc évident que l’idée d’une nouvelle paroisse a très considérablement progressé et est facilement acceptée par presque tous les citoyens en cause. Cette requête ne parle pas de donation de terrain pour l’église, ni de souscription. Les promesses faites sur les requêtes de 1911-1912 ne sont plus valables. Il faudra reprendre plus tard cette question de donation de terrain et de souscription.

Les opposants ont-ils abandonné la lutte? Il semble que oui, étant probablement en trop petit nombre. Selon certains témoins, une contre-requête aurait circulé au début de juin 1917. Si vraiment cette contre-requête a eu lieu, il ne se trouve aucun document confirmant qu’elle se soit rendue aux autorités. On aurait alors cessé l’opposition faute de signatures suffisantes.

Le lendemain du départ de la requête, probablement sur l’influence du curé de Saint-Côme, un travail préliminaire commence. On tire le niveau entre chez Pierre Rodrigue, où il y avait une abondante source d’eau, et le terrain de Siméon Morin, à l’endroit prévu pour la construction de l’église.

Une autre année passe encore dans un silence relatif On parle de plus en plus de la future paroisse. Il y a certainement des contacts entre le curé Lamontagne de Saint-Côme et les promoteurs de la future paroisse, les futurs paroissiens et probablement l’Évêque. Cependant, les archives de Saint-Côme ne contiennent rien sur le sujet. On ne pense jamais que telle ou telle correspondance non officielle ou telle ou telle entrevue, si elle avait été notée, serait  intéressante dans cinquante ans.

Au mois de mars 1918, le Seigneur rappelle à lui son serviteur l’abbé Dionne, curé de Saint-Georges. Le curé de Saint-Prosper, l’abbé Hilaire Fortier est nommé pour le remplacer et le 9 avril, il entre en fonction. Selon une réflexion faite par le curé Lamontagne, le principal opposant à l’établissement d’une paroisse aux confins de Saint-Georges, Saint-Côme et Saint-Prosper vient de disparaître. Les événements qui suivent semblent coïncider avec ce fait. Voici que le 28 avril 1918, Pierre Rodriguereçoit une lettre lui disant de prendre patience et qu’un délégué viendrait marquer l’endroit de l’église. Cette lettre apporte une grande joie à ceux qui, depuis sept ans, travaillent au projet et attendent.

Des rumeurs circulent à travers les branches et Dieu sait s’il y a des branches. Par exemple, l’abbé Desjardins aurait dit à M. Alfred Roy que l’emplacement de l’église serait marqué au mois de juillet. Le Curé Lamontagne apprend à Marie-Louise Rodrigue, de Saint-Prosper, que lui-même attend des ordres de Mgr Roy d’une journée à l’autre.

Le 24 juin 1918, ça se précise. Trois visiteurs viennent voir les lieux. Ce sont les abbés Fortier, nouveau curé de Saint-Georges, son vicaire joseph Fortin et l’abbé Philibert Grondin, missionnaire colonisateur. Cette visite est un heureux présage de la réalisation d’un centre religieux. Le vicaire Fortin déclare qu’il serait heureux de prendre charge d’une nouvelle paroisse en cet endroit merveilleux. C’était une façon d’encourager et de consoler les promoteurs du projet dans leur attente.

Enfin le 20 novembre 1918, le curé Philibert Lamontagne de Saint-Côme reçoit une lettre de Mgr Paul-Eugène Roy disant en résumé ceci. On pense fonder une paroisse. Le projet d’une chapelle de secours est accepté par le Cardinal. La chapelle sera utile à cause des distances. Il faut préparer les citoyens en leur faisant comprendre les avantages d’une église permanente immédiatement. Ils en accepteront plus facilement les sacrifices plus considérables au début. La chapelle sera située à l’endroit même où sera érigée l’église plus tard, pour qu’elle serve de sacristie. Elle devra être solide, chaude et durable. Il faut travailler pour faire donner le terrain immédiatement. On exige 12 arpents de superficie sur 2 de large. »

Le curé Philibert Lamontagne de Saint-Côme devient donc officiellement responsable de l’organisation matérielle d’un centre religieux et communautaire au service des citoyens. Dans l’esprit de l’Évêque, une nouvelle paroisse existe dans le diocèse dont le centre est situé au rang 4 et 5 du canton Linière. C’est le 20 novembre 1918. Il reste maintenant aux paroissiens de se mettre au travail et de se construire le nécessaire pour le service de la religion au meilleur coût possible. On commence tout de suite. MM. Gédéon Paquet et Pierre Rodrigue retournent rendre visite aux citoyens et collectent du premier coup 1000$ en argent comptant, 2500 pieds de bois et une promesse de plusieurs heures de travail bénévole. C’est encourageant et un mois après l’acceptation du projet par l’Évêque, le 19 décembre 1918, M. Gédéon Paquet porte au curé de Saint-Côme le résultat. Au début de 1919, M. Larochelle de Saint-Prosper annonce qu’il viendra installer son moulin à scie. On a donc tout ce qu’il faut pour se mettre en chantier au retour des beaux jours.

Le 23 février 1919, on organise une assemblée pour tous les intéressés i nouvelle paroisse. Vu la permission accordée par l’Évêque, vu l’acceptation de la souscription et vu que la Fabrique, lorsqu’elle sera officiellement organisée, prendra la dette, MM. Pierre Rodrigue et Georges -,a,,non sont autorisés à signer les billets d’emprunt au nom de la future paroisse. Les témoins qui ont signé en présence du curé Lamontagne sont Pierre Rodrigue, Georges Gagnon, Adalbert Gilbert, Gédéon Rodrigue et Georges Brochu. Quoique le rapport de l’assemblée ne l’indique pas, il ,2st très probable qu’on ait déterminé quelle construction serait érigée en premier. Dans la lettre de l’Évêque, on parle d’une chapelle qui servira de sacristie plus tard. En fait, on prend la position inverse, l’église sera con, ~truite et la sacristie le sera plus tard. Tout est donc prêt à fonctionner: le comité est organisé, les responsables sont nommés et, pour sa part, le curé Lamontagne pense à donner le service religieux aussitôt qu’il sera autorisé et commence la préparation des plans.

Le lundi 11 mars 1919, M. le curé Philibert Lamontagne de Saint-Côme apprend à M. Pierre Rodrigueque Mgr Paul-Eugène Roy sera en visite à Saint-Georges le dimanche suivant, soit le 16 mars, et lui demande d’aller rencontrer l’Évêque. Si l’entrevue est favorable, il y aura une messe dans la nouvelle paroisse dès le lendemain matin. À l’occasion de cette visite, deux opposants vont faire valoir leur point de vue sur le projet et c’est leur droit. Mgr Roy ne revient pas sur sa décision et encourage M. Rodrigue à continuer.

Le lundi 17 mars 1919, la première messe est célébrée dans la nouvelle paroisse. Elle a lieu dans la maison de M. Pierre Rodrigue. Comme on n’avait pas de communications par téléphone, l’assistance ne compte qu’une vingtaine de personnes. Trois enfants font leur première communion à cette occasion. Tous les mois, M. le curé Lamontagne vient donner la messe. Dans la maison, c’est à l’étroit, mais c’est beaucoup mieux que de faire près de dix milles en voiture pour se rendre aux paroisses voisines.

À partir du 6 juillet 1919, le curé Lamontagne confie à son vicaire J’abbé joseph Audet, le travail de desservir les futurs paroissiens et, en même temps, de voir à l’organisation matérielle de la nouvelle paroisse. Maintenant que le service religieux fonctionne et qu’une, nouvelle paroisse est pratiquement en marche, il faut un emplacement pour la construction de l’église et de ses dépendances. L’endroit prévu est le lot de M. Siméon Morin. Des pourparlers ont lieu entre M. Pierre Rodrigue et M. Siméon Morin. Tel que l’indique une note du notaire Crépeau sur le contrat, M. Morin demande 800$ pour un emplacement de 1-1/2 arpent sur 5. Après entente, M. Pierre Rodrigue verse personnellement 600$ directement à M. Morin qui cède ensuite par contrat devant le notaire ledit terrain à l’Archevêché. Un peu plus tard, le 14 juin 1920, M. Jean-Baptiste Veilleux cède aussi à l’Archevêché un morceau de terrain  d’un demi-arpent par cinq. Ce terrain est adjacent au terrain cédé par MM. Morin et Rodrigue. Que vaut le cadeau fait par M. Jean Baptiste Veilleux? Il n’en est fait aucunement mention dans le contrat. Quand la nouvelle paroisse sera officiellement établie, l’Archevêché fera le transfert de la donation desdits terrains à la Fabrique. Le curé de Saint-Côme signe les contrats au nom de l’Évêque.

Au début de l’été 1919, on commence la construction de l’église selon les plans que le curé de Saint-Côme avait remis à M. Rodrigue le 30 juin 1918. Il semble que les plans avaient été préparés par l’abbé joseph Audet de Saint-Édouard de Frampton. Celui-ci est engagé comme contremaître de la construction de l’église. Tous deux étaient d’habiles menuisiers. De nombreuses corvées sont faites pour apporter et préparer la pierre. Le 17 août 1919, le solage est terminé et on procède à la bénédiction de la pierre angulaire. Pour la circonstance, il y a une messe en plein air sur l’emplacement même de l’église. Mlle Georgiana Groleau prépare une chorale avec MM. Gonzague Morin, Georges Brochu, Georges Bourque, Philias Loignon et Joseph Poulin pour exécuter les chants de circonstance. Le nouveau curé de Saint-Prosper, l’abbé Dulac, préside la cérémonie et le curé de Saint-Côme, l’abbé Philibert Lamontagne, donne le sermon dans lequel il encourage les paroissiens à réaliser l’unité entre eux et à continuer le travail si bien commencé. À l’occasion de la bénédiction de la pierre angulaire, M. le curé Dulac fait connaître aux paroissiens le nom la nouvelle paroisse, c’est-à-dire Saint-Philibert, en l’honneur de M. l’abbé Lamontagne, curé de Saint-Côme. À l’avenir, la messe sera dite tous les quinze jours dans la maison de M. Rodrigue.

Le lendemain, les travaux de la charpente de l’église débutent. On avait engagé un conducteur des travaux, M. Georges Audet, frère du futur curé. De plus, on engage cinq hommes à plein temps: MM. joseph et Gaudias Audet, les fils du contremaître, aussi de Saint-Édouard de Frampton, le beau-frère du contremaître, joseph Lacasse, ainsi que MM. Raymond et Ernest Morissette de Saint,Côme. Tous ces hommes prennent pension chez M. Pierre Rodrigue. Quelques jours plus tard, l’abbé 1~2ph Audet, habile menuisier lui aussi et aimant travailler sur le sentier, trouve incommode de voyager entre Saint-Côme et Saint-.1libert. Il prend donc lui aussi pension chez M. Rodrigue. Comme on i pas l’électricité, il importe de travailler pendant le jour. Tous les matins de la semaine, la messe a lieu à cinq heures, ensuite on prend le déjeuner puis on travaille toute la journée jusqu’à la noirceur, excepté au moment des repas. Mme Rodrigue, femme certainement constituée d’une santé à toute épreuve, s’occupe d’entretenir tout ce monde y compris la cuisson du pain presque tous les jours en plus de ses dix enfants et du grand-père Rodrigue malade, aveugle, impotent et âgé de quatre-vingt-onze ans. À l’automne, deux autres ouvriers, engagés à plein temps, s’ajoutent à l’équipe. Ce sont M. Henri Tanguay de Saint-Bernard et M. joseph Blais de Saint-Lazare, tous deux embauchés pour le revêtement du toit et du clocher.

Le 19 décembre 1919 est signé le décret de l’érection canonique par le cardinal Bégin. Saint-Philibert devient donc officiellement une paroisse.

Le 25 décembre, la première messe est célébrée dans le nouveau temple. C’est la messe de minuit. Tout est simple et modeste. L’essentiel y est. Le bon Dieu a sa maison. Les paroissiens sont fiers et ils ont le coeur dans l’allégresse.

Au lieu de bâtir une chapelle temporaire, on a maintenant une église permanente, capable de suffire aux besoins de Saint-Philibert pour plusieurs années. Il reste à aménager les autres services pour que, du côté matériel, la paroisse fonctionne le plus adéquatement possible. Le premier service qui s’impose, tant pour le curé que pour les paroissiens, est l’érection d’un presbytère. Le 12 février 1920, on demande à l’Évêque la permission de construire un presbytère. Le Cardinal envoie l’abbé joseph Vaillancourt visiter les lieux. Celui-ci fait son rapport le 11 mars et le 26 mars, la permission est accordée avec certaines précisions. Le presbytère mesurera 35 pieds sur 40 pieds, il aura deux étages et plus tard, une cuisine sera construite. Le tout sera situé à 60 pieds au nord de l’église et à 20 piedsà l’est. En fait, on a respecté les distances, c’était une protection contre le feu. Le presbytère a trois étages et heureusement, qu’on n’a jamais construit la cuisine. Pensait-on dans le temps que Saint-Philibert deviendrait un diocèse? M. Morissette de Saint-Côme est le contremaître des travaux et l’abbé Audet y travaille avec les ouvriers.

En même temps, il faut continuer de vivre et essayer de s’installer le moins inconfortablement possible. Comme les ressources financières sont limitées, on ne pense pas à mettre en place une fournaise sous le plancher de l’église. On se contente d’installer un gros poêle à deux ponts à l’avant et à l’arrière de l’église. Tout près, un tas de bois sert à alimenter les poêles à mesure que les besoins se font sentir. Il fallait au moins une cinquantaine de pieds de tuyau pour conduire la fumée à la cheminée. La réaction entre le chaud et le froid dans un si long tuyau amène une condensation telle que les joints du tuyau laissent dégouter une eau saturée de suie. Il a donc fallu «crocheter» sous les joints une boîte de conserves vide pour récupérer cette eau sale. Cette belle décoration donnait à l’église, pendant tout l’hiver, une allure de saison printanière quand les érables sont entaillés. Avec un tel système, il devient assez difficile de garder l’église propre. Au moins, on ne gèle pas trop pendant les offices.

Le 20 mars 1920, on procède à la mise en place d’un cadeau que la nouvelle paroisse venait de recevoir, une cloche. La cloche sonne «Ie fêlé», mais c’est mieux que rien. Elle sonne quand même la foi, la charité et l’espérance des paroissiens. Deux jours après, soit le 22 mars, elle sonnera sa première grande joie: la nomination officielle de l’abbé joseph Audet comme curé de Saint-Philibert. Dans sa lettre de nomination, l’Évêque autorise le Curé à réclamer le revenu suivant: la cinquantième botte de foin, le vingt-sixième minot de patates et la vingt-sixième livre de sucre, plus une corde de bois scié et fendu de la part de chaque famille. Le curé prend ce dont il a besoin et vend le reste pour acheter ce qui manque. Au mois de mai, le presbytère est habitable mais il n’y a aucune peinture. Le ménage de M. le curé arrive et sa vieille maman âgée de quatre-vingts ans vient demeurer avec lui.

Comme dans toutes les paroisses, il fallut penser qu’un jour, il faudrait quitter la famille paroissiale pour un monde meilleur. Le 27 août 1920, le conseil supérieur d’hygiène accepte l’endroit choisi comme cimetière. C’est encore le même endroit sauf qu’il a été grandement amélioré au temps du curé Houde. La première famille à être éprouvée par le deuil fut celle de M. et Mme Edmond Rodrigue. Accompagnés de parents et amis, ils allèrent pour la première fois, le 19 septembre 1920, au cimetière pour y enterrer le corps de leur fille de quatre ans, Marie Simone. Ce n’est que deux ans et demi après la fondation de la paroisse que le premier paroissien adulte sera enseveli dans le cimetière. Le 17 mai 1922, Pierre Rodrigue, le principal promoteur de la paroisse, ira déposer son vieux père Pierre (Petit) Rodrigue dans le cimetière, tout près de la porte d’entrée. Il n’y eut pas que des deuils à célébrer. Le premier citoyen baptisé à Saint-Philibert fut Joseph-Paul-Ange-Aimé, le 27 juin 1920, fils de M. et Mme joseph Drouin. Le 12 juillet 1920, M. et Mme Ernest Paquet ont été les deux premiers époux à célébrer leur mariage à Saint-Philibert.

À la fin de l’été 1920, M. le curé Audet fait sa première visite paroissiaIle. Il note que la paroisse compte 63 familles avec une population de 357 âmes. La quantité n’est pas grande mais il y a une belle qualité "’hommes et de femmes remplis de courage et d’une volonté de faire de la plus belle paroisse de la Beauce.

Résumons un peu: 1919, construction de l’église; 1920, construction presbytère; 192 1, construction d’une grange pour que le curé puisse _.entreposer la dîme, y loger son cheval et sa vache et aussi permettre aux paroissiens de pouvoir dételer les chevaux quand ils viennent au village. -, 12 septembre 1921, on procède à la bénédiction de tous les immeubles. Cette bénédiction, qui est une occasion de réunir les paroissiens, permet d’exprimer des remerciements à tous les bénévoles de près ou de loin, ont travaillé à l’érection de la paroisse. M. le curé de Saint-Côme, l’abbé Philibert Lamontagne, a l’honneur de bénir _1i~e; M. l’abbé Dulac, curé de Saint-Prosper, fait le sermon de circonstance et bénit le cimetière,

Maintenant, tout peut fonctionner, la fabrique de Saint-Philibert terrain et constructions. Tout cela n’est pas complètement payé. Ai comité choisi et endossé par l’archevêché étant pratiquement réalisé, les membres du comité demandent d’être déchargés de leurs responsabilités et de laisser officiellement à la Fabrique de voir à l’administration matérielle de la paroisse. Le 1" mars 1923, l’Évêque, Mgr P.-E. Roy, approuve la résolution de la Fabrique qui reconnaît avoir comme dette, après vérification faite, le montant de 16 550$. On fait entre temps une découverte. L’existence civile de la Fabrique n’avait pas été demandée. Le 18 mars 1923, l’élection des marguilliers et les actes que ceux-ci ont posés sont déclarés nuls. Le dimanche suivant, une nouvelle assemblée des paroissiens rectifie la première élection des marguilliers du 2 janvier 1921 et tous les actes passés jusqu’au 25 mars 1923. Le 14 septembre 1923, la demande de reconnaissance civile sera approuvée.

Dans l’église, on peut remarquer un crucifix sculpté, offert par M. Eddy Brochu et une colombe donnée par M. Charles Doyon. Les inscriptions sur la croix furent offertes par M. Wellie Simard. On refait ensuite la peinture de l’intérieur de l’église. On y pose de nouveaux bancs don, nés par la paroisse de Saint-Romuald. L’abbé Poulin peint lui-même les vitraux. Tous ces travaux donnent un cachet nouveau à notre église. Le tout s’est fait en corvée grâce à la collaboration de tous les paroissiens qui travaillaient sous l’habile direction de l’abbé Poulin. Celui-ci était devenu contremaître.

Après avoir terminé la rénovation de l’intérieur de l’église, on déménage au sous-sol où l’on refait le creusage de la cave. L’abbé Poulin devient ensuite peintre. Il repeint de ses mains l’extérieur du presbytère et de l’église.       

Malgré toutes ses préoccupations d’ordre matériel, l’abbé Poulin ne néglige pas pour autant le plan spirituel. Il s’est très vite adapté à ses nouveaux paroissiens. Il les connaissait tous et répondait aux besoins de tous  et de chacun. Il a donne un exemple remarquable de bonté et de grande générosité en prévoyant 1es besoins de ceux qui étaient dans la pauvreté; et en étant 7rêt à vider son porte-monnaie pour les secourir. À toute heure de la nuit, il était toujours disponible; chacun pouvait lui on aide en étant certain d’avance de sa réponse. Il s’est même Je transporter les malades à l’hôpital dans les cas d’urgence. On pouvait se  rendre compte de son amabilité particulièrement pendant le 7 - des sucres. Il lui est arrivé de venir à la rescousse de certains sucriers débordés par la coulée des érables. Il a même passé des journées à souder les évaporateurs tout en sachant que le lendemain matin il lui _rait retourner à l’école Lacroix. En effet, en plus d’assumer les charges de sa cure, il était aumônier à temps partiel à cette école.

L’abbé Poulin était une personnalité remarquable. Il possédait beaucoup d’entregent. Les pauvres, les malades, les moins doués étaient ses enfants chéris. Tous les gens étaient considérés également, pauvres ou riches, instruits ou ignorants.

Au cours de l’année 1966, vers la fin de l’année scolaire, il accuse de fatigue. Après quelques jours d’hospitalisation, il reprend ses activités u même rythme.

Dès son arrivée à Saint-Philibert, il avait donné de l’ampleur à la fête champêtre, instaurant un système de vente de billets par des dûchesses, invitant le Patro de Québec Ouest ainsi que des majorettes. Dans le but d’améliorer le succès de cette fête, il avait fait installer une cuisine dans sous-sol de l’église pour répondre aux besoins du souper.

Une nouvelle instigation à Saint-Philibert fut amenée avec sa venue. En effet, grâce à lui, durant la semaine sainte, il recevait une troupe de Scouts du Séminaire de Cap-Rouge. Ceux-ci s’occupaient d’animer le programme religieux de cette période. Le Vendredi saint, ils mimaient le chemin de la croix; le Samedi saint, ils assistaient M. le curé à la messe e minuit, rehaussant la cérémonie par leurs chants et leur façon particulière de célébrer Pâques. Pendant trois ans, la chorale de l’Écho beauceron était invitée à l’occasion de Noël. L’abbé Poulin a aussi promu grandement l’O.T.J. de la paroisse. Sousson ministère, on a vu s’installer une patinoire et même s’organiser un club de hockey. Autre preuve de son dévouement: il a mis son auto à la disposition des patineurs.

Juste avant de nous quitter, l’abbé Poulin s’est occupé de l’installation d’un système de haut-parleurs dans l’église afin de participer davantage aux cérémonies liturgiques.

Comme on a pu le constater, l’abbé Poulin était un type vraiment remarquable. Tous ceux qui l’ont connu, et ils étaient nombreux, sont unanimes sur ce point. Il s’occupait de tout, pensait à tout. Sa générosité ne connaissait pas de bornes, il se dépensait sans compter pour tous.

Voilà environ trois ans, nous apprenions qu’il devait nous quitter, mais grâce à une démarche à l’évêché, nous avons pu le conserver parmi nous. Toutefois, en mai dernier, la même nouvelle nous parvint. Malgré une nouvelle démarche, il dut nous quitter et c’est avec un immense regret que nous l’avons vu partir. Il est présentement en charge de la paroisse de Saint-Cyprien.

À noter que c’est grâce à lui que la décision fut prise de célébrer le 50’ de la paroisse de Saint-Philibert et il a collaboré dans une large part à la rédaction du journal.

Même s’il est aujourd’hui à 30 milles de nous, il nous aide encore autant qu’il le peut, il demeure présent parmi nous et il le demeurera encore longtemps par le souvenir.

Le 21 juin 1969, après une cure vacante pendant un mois, arrivait son successeur, l’abbé Dominique Poulin, auparavant aumônier dans un collège de Lévis. Il n’est parmi nous que depuis deux mois et déjà il continue à merveille la tâche de son prédécesseur.

De 1920 à 1923, la moyenne des quêtes du dimanche a varié entre deux et trois dollars; à peine cinq sous par dimanche par famille. Malgré les appels répétés du curé, la situation ne s’est pas améliorée. De fait, cette moyenne s’est maintenue jusqu’en 1942. Avec les quêtes et la rente des bancs, on avait juste ce qu’il fallait pour payer les assurances et le minimum d’entretien. Il fallait aussi faire face à la dette de 16 550$. Comment analyser cette situation qui est réellement grave et qui n’est pas facile. Plusieurs ne font que commencer à défricher des lots et sont vraiment pauvres. D’autres, parce qu’ils ont fait un effort considérable pour donner au moment de la construction soit de l’argent, soit du temps sont probablement tentés de donner moins au moment de la quête. D’autres, encore utilisent ce moyen pour contester la création de cette nouvelle paroisse et en même temps avoir la joie de pouvoir dire: «On savait bien qu’une paroisse dans un coin pareil ça ne pourrait pas marcher.» On ne trouve qu’une solution: se servir de la loi pour que chacun soit obligé de payer sa part

Le 23 août 1923, la demande d’établir une répartition légale est approuvée. Ladite répartition est payable en vingt ans. Chacun des propriétaires est taxé selon son évaluation. Il faut rendre hommage aux citoyens qui, pour la plupart, furent fidèles à cette obligation. En effet, vingt-cinq ans après la construction, malgré des réparations assez considérables, la dette n’est que de 5000$ environ.

En 1924, le problème d’alimentation en eau du presbytère et de ~’église devient urgent à régler. Cette question fera, pendant plusieurs -innées, couler beaucoup de salive. Sur le terrain de la Fabrique, il n’y a pas de source et le puits donne de l’eau trop dure, peu potable et en petite quantité. Fidèle à sa promesse, M. Pierre Rodrigue donne à la Fabrique Lin morceau de terrain sur lequel coule une abondante source d’eau. La Fabrique achète pour environ 1000$ de matériel et, par corvées, les paroissiens exécutent les travaux pour conduire l’eau au presbytère. En passant, on donne le service d’eau à l’école. De plus, la Fabrique permet, par contrat, à quelques résidents de se brancher sur le tuyau moyennant le coût de 6$ par an pour le service. Comme le revenu rapporté par les abonnés n’était pas suffisant pour payer un homme qui verrait à maintenir le service en bon ordre, la Fabrique, en 193 1, cède l’aqueduc à l’ancien propriétaire du terrain à condition que celui-ci fournisse gratuitement le service d’eau à la Fabrique. En fait, la Fabrique, en cédant un matériel qui avait coûté près de 1000$, se trouvait à payer à l’avance son abonnement pour cent ans.

Voici que vers 1950, les abonnés se plaignent qu’ils manquent souvent d’eau. Le propriétaire répond: «c’est votre faute, fermez vos robinets, ne les laissez pas couler inutilement et le réservoir, même s’il n’est pas grand, pourra fournir l’eau dont vous avez besoin». En effet, il arrivait de temps en temps que le réservoir se vidait, surtout pendant l’hiver parce que des abonnés laissaient couler l’eau par peur que leur tube d’entrée gèle. Quand même, le propriétaire sent que peut-être un jour il sera entraîné à faire des dépenses considérables pour acheter un réservoir neuf. Or, le revenu des quelques abonnés n’est pas suffisant. Après avoir consulté un homme de loi, le propriétaire apprend que le jour où il a accepté l’aqueduc de la Fabrique, il avait presque certainement accepté les contrats que celle-ci a conclus avec les abonnés, et peut-être un jour il sera appelé à faire les dépenses nécessaires pour donner un service d’eau suffisant. Il faut donc s’en remettre à une autorité plus haute et responsable, la Régie gouvernementale des eaux. Pendant ce temps, la question est discutée dans la paroisse. Lesabonnés veulent recevoir l’eau à un prix convenable, c’est-à-dire le prix actuel de 6$ par an, et le propriétaire veut se dégager de l’obligation de fournir de l’eau par crainte de dépenser des sommes trop importantes pour ses moyens. Les Beaucerons ont alors l’occasion de pratiquer un de leurs sports favoris. Discussions, rediscutions, déterrement de toutes les petites rivalités personnelles souvent teintées de rouge et de bleu, consultations d’avocats, voyages nombreux à la Régie des eaux où chacun explique ses raisons de croire qu’il est dans son droit. Résultat: la Régie donne raison au propriétaire et l’autorise à couper le service d’aqueduc s’il n’y a pas d’entente possible avec les abonnés. Ce qui fut fait. En juillet 1952, l’aqueduc cesse d’apporter l’eau. Le manque de dialogue rend inutile le tube qui n’a plus qu’à pourrir dans le sous-sol. Chacun devra maintenant organiser son propre service d’eau. Cette situation occasionne une dépense d’au moins 500$ à chacun des abonnés, y compris à la Fabrique, parce qu’il est nécessaire de creuser des puits artésiens.

En 1928, l’abbé joseph Audet, premier curé de Saint-Philibert, qui avait quitté, le 14 août 1924 pour la cure de Saint-Antoine de Pont-Briant, décède en 1928 des suites d’une crise d’appendicite. M. l’abbé Beaumont, vicaire de Saint-Grégoire de Montmorency, le remplace. Sous l’influence de cet excellent curé, on observera pendant quatre ans, plusieurs réalisations utiles pour l’ensemble des paroissiens: 1) la mise en marche du projet de l’aqueduc dès septembre 1924, 2) l’obtention de la permission de Mgr Langlois de célébrer la messe au presbytère sur semaine afin de sauver le chauffage de la sacristie pendant l’hiver; 3) des parties de cartes et des soirées sont organisées pour aider la Fabrique à payer ses dettes; 4) l’utilisation de son influence pour avoir le service du téléphone dans la paroisse, lequel sera installé et mis en fonction par M. Herménégilde Groleau, le 16 décembre 1924; 5) la demande à l’archevêché de réviser les frontières de Saint-Philibert parce que des citoyens sont plus près de l’église que des paroisses voisines. Des ajustements ont aussi été faits du côté de Saint-Côme et de Sainte-Aurélie; 6) l’amélioration du système de chauffage de l’église: il ajoute un poêle en arrière tout en demandant aux paroissiens que les alentours du poêle ne deviennent pas un parloir pendant la messe; 7) la fondation d’une caisse populaire. La Caisse a eu un temps d’activités très court, probablement parce que les paroissiens manquaient d’informations suffisantes sur la coopération. Étant indifférent,ils négligeaient de faire leurs dépôts et leurs affaires à leur propre 11 afallu remettre les dépôts aux quelques membres et fermer la D’autres centres ont profité du roulement de l’argent des citoyens de Saint-Philibert et ainsi toute la paroisse s’est privée d’un avantage ; 8) De généreux donateurs, amis de l’abbé Beaumont, ont fait don des deux autels latéraux de l’église. 9) La vieille cloche fêlée a été remplacée, le 24 juillet 1927, par un beau carillon de trois cloches: la grosse Cloche, don de M. Édouard Lacroix, député, la petite cloche, don de M. Herménégilde Groleau, et la moyenne cloche, don des paroissiens. Bénédiction de ces cloches fut l’occasion d’une grande fête paroissiale a laquelle ont participé des personnalités de marque peu souvent vues à Saint-Philibert. 10) Après des requêtes, le service du courrier était offert tous les jours; plus besoin d’attendre huit jours après les lettres. Le projet construction d’une sacristie a été réalisé par l’abbé Horace Labrecque di devient troisième curé de Saint-Philibert le 9 avril 1928.

L’année suivante, les trois escaliers d’entrée de l’église sont remplacés par un grand perron en ciment. Le perron a trente ans d’existence. Ne égouttant pas facilement et détérioré par la gelée des hivers, le perron st accusé d’avoir fait pourrir la base du clocher. On l’a fait sauter à la dynamite et il a été remplacé temporairement en 1959 par trois petits escaliers; il est reconstruit en fer en 1966.

Juin 1930 amène la fondation du premier des mouvements paroissiaux, la ligue du Sacré-Coeur, qui a pour but de propager la dévotion au coeur Eucharistique de Jésus et de faire de meilleurs apôtres avec les paroissiens. M. Louida Morin en est le premier président et le premier secrétaire est M. Henri Morin. Quelques mois plus tard, a confrérie des âmes de Sainte-Anne verra le jour. En même temps qu’on s’occupe de vie spirituelle des paroissiens, on essaie d’aider et d’améliorer la vie matérielle des cultivateurs. En novembre 1930, des assemblées sont nues en vue de grouper les personnes intéressées à l’établissement d’une beurrerie. Mais le projet n’eut pas de suite. Il reste quand même que le cercle des agriculteurs, fondé par l’abbé Beaumont, a rendu de grands services aux cultivateurs pour les aider à améliorer leurs troupeaux.

En 193 1, il y a près de deux ans que la crise de chômage règne et augmente au pays. Les cultivateurs et les jeunes colons surtout s’en ressent énormément. Le gouvernement alloue quelques sommes pour faire gagner ceux qui en ont le plus besoin. Au début, la distribution de cet argent est confiée au curé, puis ensuite au secrétaire de la municipalité. Ce système devient vite l’occasion de jalousies, de chicanes et d’accusations de parti-pris contre le responsable de la distribution de cet argent. M. le curé Labrecque, homme très sensible, qui n’aurait voulu blesser personne, pas même une mouche, semble avoir beaucoup souffert des rivalités et des susceptibilités de plusieurs paroissiens. Aussi, le premier dimanche d’avril 1932, il annonce au prône que ses visites aux malades ne se feront que sur demande et qu’il refusera toute invitation aux parties de sucre à la cabane ou aux veillées de cartes dans les maisons. Il ajoute que les rumeurs qui courent à savoir qu’il aurait été blâmé par le vicaire forain, Mgr Fortier, sont fausses. Est-ce simple coïncidence, est-ce que M. le curé Labrecque se sentant mal à l’aise aurait demandé son changement? Au mois d’octobre suivant, M. Labrecque est nommé curé de Sainte-Sabine. Ce bon curé n’a tenu rigueur à personne des rivalités dont il a souffert. À preuve, en 1961, il prête 500$ à la paroisse Saint-Philibert, sans intérêt, et le capital est remboursable à raison de 25$ par an. Puis advenant la mort du curé et de sa soeur avant le complet remboursement, le résidu deviendrait la propriété de la Fabrique.

Le nouveau curé, M. l’abbé Adalbert Leclerc, parce que bien malade, démissionne en 1933 après deux ans de service. En août, le vicaire de Beauceville, l’abbé J.-A. Poirier, prend sa succession. La visite paroissiale terminée, le curé constate que les citoyens sont pauvres. La crise économique frappe tout le monde. La population compte 567 âmes. Il érige la dévotion au saint Rosaire espérant que la Vierge Marie apportera au moins la paix. En 1934, il ajoute une retraite paroissiale prêchée par le père Aubin, rédemptoriste. Il profite de l’occasion pour ériger la congrégation des Dames de Sainte-Anne. L’année suivante, Mgr Plante, évêque auxiliaire, vient faire la visite pastorale. 12Évêque confirme 95 enfants et constate que des travaux sont nécessaires à l’église. Le curé et les paroissiens le savent; le mur de l’église penche de onze pouces et la dette est de 13 750$. À l’automne, le cardinal Villeneuve visite les paroissiens du haut de la Beauce, sauf Saint-Philibert à cause du mauvais état des chemins, dit-il. Les paroissiens n’y croient pas et se sentent frustrés: «Nous, nous passons. On nous oublie parce que nous sommes pauvres». Le 16 mars 1936, la maison de M. Jérôme Allen passe au feu. Il est secrétaire des municipalités civile et scolaire; les livres sont donc perdus. Cette épreuve amène un paquet de problèmes: quels sont les citoyens qui ont payé leurs taxes. Ce qui n’arrange pas les rivalités. De plus, à l’automne, le gouvernement cesse les secours directs. Vraiment ce n’est pas  rose de vivre à Saint-Philibert. Pour plusieurs, ce geste est une bonne chose car ça les obligera à vivre par eux-mêmes.

Les travaux de réparation qu’on trouvait nécessaires en 1935 deviennent plus urgents en 1939. Les paroissiens votent une dépense de 6000$ pour redresser le mur de l’église et peinturer l’extérieur du presbytère et l’intérieur de l’église. Ce besoin est pressant puisque depuis leur construction en 1919-1920, ils n’ont pas été peints. À l’intérieur de l’église, le bois qui n’avait jamais reçu de peinture est noirci par la poussière et la fumée et donne à ceux qui entrent dans l’église, l’impression qu’ils pénètrent dans une grange. On demande une nouvelle répartition pour répondre au nouvel emprunt que nécessitent les dépenses de réparation. Après la visite paroissiale, la population de Saint-Philibert est de 602 âmes. C’est le nombre le plus élevé depuis sa fondation.

Après dix ans de service à Saint-Philibert, le curé Poirier est nommé curé à Saint-Évariste et est remplacé par l’abbé Paul-Émile Arseneault. Ce nouveau curé, auparavant vicaire à Saint-Malo de Québec, arrive à Saint-Philibert le 17 novembre. Il y a de la neige et les jours sont au plus court. Le curé trouve un peu dur au début de s’accoutumer à la lampe à l’huile, au poêle à bois et aux chemins en terre. Dans la semaine, des paroissiens viennent, en corvée, entrer le bois qui était sous la neige. Cependant, l’organisation matérielle de l’église et du presbytère qui fait contraste avec la ville soulève dans l’âme des parents, amis et étrangers qui vinrent à l’arrivée du curé, une grande sympathie. Aussi des cadeaux arrivent nombreux à l’église. Ces cadeaux, l’été suivant, permirent au curé de faire rafraîchir le premier étage du presbytère, de séparer trois chambres au deuxième étage, d’ajouter des piliers sous le presbytère du côté est, de recouvrir le toit du presbytère en bardeaux d’asphalte, de renouveler le linoléum du passage, age de vingt ans et troué, et de refaire la clôture du cimetière.

La crise économique se résorbe; on est en guerre. La stupidité des hommes fait que la destruction et la mort dans d’autres pays apporte une certaine prospérité au Canada. Les finances de la Fabrique s’améliorent. En 1940, les quêtes montent à 5$ par semaine environ.

L’année 1945 apporte deux bonnes améliorations. Au printemps, le curé pousse la requête pour que le service de l’électricité soit installé. Il fallut convaincre les citoyens de cette nécessité, car en signant la requête on accepte le service chez soi. Au mois d’octobre, les élections s’en viennent, la voirie pose l’asphalte sur le chemin du village. Comme l’électricité prend du temps à venir, une coopérative d’électricité s’organise et la Fabrique prend deux parts. L’organisation de cette coopérative donne probablement un coup de coude à la compagnie «Shawinigan» qui, en octobre 1946, commence à poser les poteaux de la ligne électrique. Prévoyant la dépense nécessaire pour électrifier l’église, le curé organise, en septembre, une soirée qui rapporte 450$ et reçoit un octroi du ministère de la colonisation de 500$. Le coût de l’installation est de 961$. Enfin, le 24 mai 1947, Saint-Philibert s’éclaire à l’électricité.

Le propriétaire du téléphone, étant décédé depuis une douzaine d’années, ses garçons, pour des raisons personnelles, ne veulent plus ou ne sont plus capables de tenir le service. Le fait de perdre ce service sous peu, même si ses installations sont désuètes, pousse quelques citoyens à organiser une coopérative qui achète le téléphone. La Fabrique prend une part. On est en octobre 1947. La coopérative maintient le service sans pouvoir le moderniser. En 1968, la Québec Téléphone achète la coopérative. La compagnie modernise toutes les installations. Le central local n’étant plus nécessaire, la préposée perd son emploi et le coût de l’abonnement est triplé.

Durant l’Année Sainte, en 1950, les paroissiens vivent un des événements les plus malheureux de l’histoire de Saint-Philibert. En effet, M. le curé, encouragé par nombre de paroissiens, part pour Rome. Il profite d’un des nombreux pèlerinages organisés à l’occasion de cette année sainte. Selon plusieurs paroissiens, M. le curé appréhendait énormément ce voyage. Quelques jours avant son départ, il aurait eu envie d’annuler son billet. À peine était-il en Europe, depuis un mois, que M. le curé se sent fatigué et «tanné~>. Il veut revenir même avant le moment prévu. Il change son billet de bateau pour le billet d’avion de son frère et il monte sur l’avion «le Pellerin» pour revenir à Québec. Le 13 novembre, c’est la tragédie. L’avion s’écrase sur le mont Obiou. C’est la mort de tous les passagers et de l’équipage. Neuf prêtres du diocèse de Québec sont du nombre dont M. le curé Arseneault de Saint-Philibert.

Le 20 décembre 1950, M. l’abbé Alphonse-Marie Allen est nommé curé de Saint-Philibert pour remplacer M. le curé Arseneault, décédé à l’Obiou. Le décès de M. le curé est reconnu officiellement le 2 avril 195 1. Les parents de M~ le curé défunt décident de continuer à Saint-Philibert sa mémoire. Ils achètent un monument, une statue de la Vierge Marie, qui est placé sur le parterre en face de l’église. Un comité de paroissiens s’occupe de construire la base du monument et fixe la bénédiction pour lie 19 août 1951 à trois heures. Et le 19 août, à cause de circonstances incontrôlables, probablement des rivalités, la bénédiction est remise plus tard.

Pendant  les six ans de règne de M. le curé Allen, aucun événement Fiance ne s’est produit. Il y eut, toutefois, semble-t-il, une augmentation des rivalités dont le curé fut souvent l’objet. Plusieurs réparations et améliorations auraient été nécessaires à l’église. M. le curé n’à pas entreprendre par crainte ou par insécurité vis-à-vis la mentalité des paroissiens. Aussi fit-il construire à ses propres frais un garage et un système de chauffage à l’huile au presbytère. Au moment de son départ, il ne peut apporter ces objets avec lui. M. le curé les céda à la Fabrique pour la moitié de leur coût environ. La Fabrique réalise ainsi une belle aubaine et reçoit un beau cadeau de la part de son curé qui, sans tambours trompettes, quitte Saint-Philibert pour prendre sa retraite.

En 1954, la Fabrique cède à la municipalité le droit de creuser une citerne sur son terrain en vue de permettre une réserve d’eau en cas de feu au village. Cette citerne est doublée et recouverte en 1965 avec l’aide travaux d’hiver. Ainsi, la quantité d’eau est suffisante pour protéger contre le feu et arroser la patinoire l’hiver.

En décembre 1956, un nouveau curé, M. l’abbé Charles-Eugène Houde, est nommé à Saint-Philibert. Il est un des curés les plus dévoués pour la bonne tenue spirituelle et matérielle de la paroisse. Il est très habile manuellement et très adroit. Il a le souci du travail bien fait. Pendant ses six ans consacrés à faire le bien, il a réalisé, avec l’aide des paroissiens, des améliorations considérables qui ont donné à tous et chacun une plus grande fierté de la communauté paroissiale et le goût d’y vivre. C’est lui qui éliminera le perron de ciment et redressera le clocher. Sachant qu’une salle paroissiale assez grande et convenable est une nécessité pour les réunions de toutes sortes dans une paroisse, il en met une en chantier par corvée. Il aménage un mur de soutènement et fait niveler le cimetière qui aujourd’hui possède l’aspect d’un lieu d’agréable repos. Sous l’initiative de M. le curé, on reçut une heureuse nouvelle à Saint-Philibert et un grand avantage pour nos enfants: les religieuses de la Charité de Saint-Louis prennent en charge l’école primaire. La révérende soeur Saint-Pierre aux Liens, supérieure, se dévoue, ’avec ses deux compagnes, pour donner aux enfants la meilleure éducation possible. Plusieurs fois préparés par les soeurs, nos enfants ont l’occasion d’extérioriser leurs talents devant le public. Malheureusement, le manque de relève dans la communauté oblige les religieuses à cesser leur service dans la paroisse en 1967. Il faut revenir à l’ancien système. Chaque année, la commission scolaire est dans l’obligation de renouveler une partie de l’équipe d’institutrices. Ce qui fait que les enfants sont moins favorisés du point de vue de la continuité dans la formation de leur personnalité, sans minimiser l’excellent travail des institutrices de l’année 67-68, dirigées par Mme Suzanne Paquet. On ne peut demander à des institutrices accaparées par des obligations familiales de donner plus qu’elles ne peuvent.

Le curé Houde a fait recouvrir l’extérieur de l’église en bardeaux d’aluminium. Les parterres sont arrangés et bien entretenus. Cet aspect de propreté et de bonne tenue que le curé Houde a donné à l’église et à ses dépendances a influencé considérablement les paroissiens. À leur tour, ceux-ci ont amélioré la tenue et la propreté de leurs maisons et terrains. Pour ces réalisations, le curé a multiplié les corvées et ainsi l’esprit d’accord et d’effort commun a grandi chez les paroissiens. La fête champêtre qu’il a inaugurée à Saint-Philibert et qui se continue encore avec un succès toujours grandissant prouve ce bel esprit paroissial. Comme toutes les bonnes choses ont une fin, le curé Houde est nommé curé à Sainte-Famille de Tring.

Le 21 octobre 1962, la paroisse de Saint-Philibert accueillait son neuvième curé, M. l’abbé Herménégilde Poulin. Celui-ci était originaire de Saint-Joseph de Québec. Il avait été auparavant vicaire à Notre-Dame de la Recouvrance de Québec Ouest. Fait à remarquer, sa famille comptait trois prêtres séculiers et deux frères du Sacré-Coeur.

L’abbé Poulin a continué l’oeuvre de son prédécesseur, mais il a aussi pris de nombreuses initiatives dans la vie de la paroisse. Il s’occupe activement de la rénovation de l’intérieur de l’église. On assiste tout d’abord à la rallonge du choeur dont le plan avait été fait par l’abbé Houde.